Voici trois ans, quand le compteur électrique Linky a été imposé dans tous les foyers, le premier réflexe a été de chercher si l’agglomération chartraine faisait partie de celles qui avaient pris un arrêté pour le refuser. Las ! Elle faisait partie des villes où ce compteur connecté était le bienvenu, sans que la population ait été le moins du monde consulté. On avait déjà à Chartres la vidéo-surveillance et, sur les luminaires urbains, les ampoules LED : on est en ordre de marche pour la reconnaissance faciale.

La smart city

La smart city, ou ville intelligente, est un concept vendu aux villes et qui consiste à confier la gestion des hommes et des services urbains à des réseaux connectés et pilotés à distance par ordinateurs. La 5G, technologie de communication sans fil, est indispensable au déploiement des voitures – robots (dites autonomes), des objets connectés (comme des couches pour bébés et des jeans avec GPS intégré indispensables !)
Il s’agit d’une numérisation à outrance de la ville : sous prétexte d’améliorer la vie quotidienne du citoyen, le déploiement de milliers d’objets connectés sert avant tout à produire des masses de données qui peuvent être utilisées pour organiser, prévoir et adapter, mais aussi, in fine, pour surveiller et contrôler toute la population.

Les outils de radio identification

Le compteur communicant Linky, ajouté au déploiement en cours de la 5G dans plusieurs villes pilotes en France, est un formidable capteur de données et véritable dispositif de flicage, fait partie de ces petits appareils – objets connectés et puces RFID (de radio identification) qui visent à commercialiser toutes les données privées.

A titre d’exemple, en 2018, les Français ont acheté un million et demi d’enceintes connectées, ces machines d’espionnage à distance, qui allument la lumière et la télé, descendent les volets et allument le chauffage, lisent une recette, vous rappellent l’heure du rendez-vous chez le dentiste ou votre chanson préférée…

Linky, tout comme Gazpar, le compteur communicant pour le gaz et celui pour la consommation d’eau, enregistre et transmet en temps réel (on ne voit pas autrement comment il pourrait détecter un dysfonctionnement et le signaler à l’entreprise de distribution) votre consommation, constituant un véritable dispositif de surveillance liberticide.
L’analyse de toutes les données collectées par ce trio orwellien de compteurs communicants, permet le suivi et le profilage du consommateur que nous sommes, dans nos habitudes quotidiennes les plus privées.

Car, dans notre monde où tout fonctionne à l’électricité, Linky, – mini-ordinateur à circuit imprimé faisant accessoirement office de compteur d’électricité -, transmet à distance nos données personnelles de consommation électrique révélant en détail notre vie domestique : à quelle heure nous prenons notre douche le matin et préparons notre café, combien nous avons d’invités à la maison, si et quand nous regardons la télévision (voire même, des hackers allemands l’ont démontré, de quel film il s’agit). Déjà, une application utilisant le compteur à eau permet de surveiller des personnes âgées ayant changé leurs habitudes et rythmes de vie quotidiens.

Dans le rapport « Technologies – clés 2015 » publié au temps du gouvernement Fillon, Linky figure au chapitre 74 : « Comptage intelligent ». « Le comptage intelligent consiste en la mise en réseau de fonctions-clés liées au bâti (ventilation, chauffage, fluides, etc.), par la mise en place de capteurs, actionneurs et logiciels. (…) Il s’agit de compteurs communicants, capables de recevoir et d’envoyer des données sans intervention humaine, pour la mesure et la gestion des flux. De tels compteurs permettent de suivre en temps réel la consommation énergétique d’un bâtiment, foyer ou entreprise. »

Ajoutez à cela les cartes de transports pucées, et le filet de la surveillance électronique est total.

La contrainte infligée aux usagers : déni de droit , atteinte environnementale, danger domestique

Le coup de maître a consisté à nous présenter les compteurs communicants comme faisant partie intégrante et indispensable, voire même obligatoire, d’un projet de maîtrise de la consommation, de la transition écologique, dans l’optique d’un développement durable.

Or, de l’avis même des spécialistes, Linky, qui d’ici 2021, aura remplacé les 35 millions de compteurs en parfait état de marche (quel gaspillage !), ne durera pas plus de dix à quinze ans, et comble d’ineptie écologique, consomme lui-même de l’électricité (70 mA sont nécessaires pour son fonctionnement).

Par ailleurs, le stockage des énormes masses de données collectées nécessite la construction d’énormes data centers (centre de stockage des données) hautement énergivores pour leur refroidissement, allant directement à l’encontre des exigences liées à l’empreinte carbone.

Côté sanitaire, les normes CEM (champs électromagnétiques), édictées par et pour les lobbies industriels et les opérateurs de téléphonies mobiles, ne tiennent jamais compte des avis des chercheurs et médecins qui depuis longtemps s’évertuent à mettre en garde contre une prolifération incontrôlée des nouvelles technologies ayant recours aux ondes.

Linky injecte du CPL (courant porteur en ligne), un courant pulsé pouvant aller jusqu’à 95 kHz, circulant 24h/24 dans les fils électriques domestiques non blindés, avec des coups d’ondes 3G pulsées (protocole d’ondes qui pourra être transformé en 4G à distance, à votre insu), dégageant ainsi par le rayonnement des câbles de l’installation électrique domestique, une pollution électromagnétique qu’il faut ajouter aux ondes déjà présentes dans les foyers, à travers le Wifi domestique et le téléphone sans fil (D.E.C.T.)

Des conséquences sanitaires occultées

Suite à l’installation du Linky, l’ANSES, se fondant sur des études scientifiques les plus récentes, a avancé qu’environ 5% de la population totale, ce qui correspond à quelque 3,3 millions de Français, souffrent, sous une forme ou sous une autre et à des degrés variables, de sensibilité exacerbée aux ondes électromagnétiques (syndrome EHS, électrohypersensibilité). (Article du Monde du 27 mars 2018).

Si vous n’avez pas encore le compteur Linky, sachez qu’il n’est pas obligatoire, et que vous pouvez le refuser.