Suite à l'annulation du 26 octobre 2023 par le Tribunal Administratif d'Orléans de l'arrêté de « non opposition à l'abattage » des Trois Marronniers de la Courtille, qui trônent depuis fort longtemps au cœur d'un Espace Boisé Classé (EBC), la ville de Chartres vient d'autoriser à nouveau, le 10 janvier dernier, ce même abattage avec comme « prescription » qu'ils seraient remplacés par trois tilleuls de Henry, « devant atteindre, à terme, une « taille équivalente » à celle des arbres à abattre », dixit l'article 5 du Plan local d'urbanisme (PLU).

Pourtant, cette espèce de tilleul n'atteint en Europe que 10 à 15 mètres de hauteur à maturité, alors que les marronniers culminent à plus de 20 mètres ! L'arrêté est donc non conforme au PLU. L'ADEAC a porté un recours gracieux.

Mais pourquoi cet acharnement ? C'est avant tout l'implantation du projet d'un immeuble de 38 logements avec parking souterrain au ras de l'Espace Boisé Classé, qui condamne les marronniers. En effet sa construction n'est possible qu'en les supprimant parce que leurs ramures et leurs racines, qui débordent le périmètre de l'EBC, devraient être élaguées ou coupées. Bref, ils gênent !

Le comble de l'histoire est de vouloir abattre de beaux arbres en bonne santé pour replanter des arbres équivalents. À quoi bon ? C'est absurde et incompréhensible.

Pendant ce temps, le promoteur a déposé une nouvelle demande de permis de construire modificatif devant « régulariser » le précédent permis que le Tribunal Administratif a annulé le 26 octobre dernier avec deux motifs : nouvel alignement non concrétisé et hauteur du bâtiment excessive.

Mais le pire est que ce bâtiment et son parking souterrain s'implantent aussi en limite séparative et « offre » un grand pignon aveugle, haut de 13,50 mètres et large de 13 mètres, en face des fenêtres de la maison riveraine et à une distance de 3,70 mètres (!), et ne fait preuve d'aucune transition ni respect entre le bâti moderne et l'ancien.

Pourtant, cette demeure de style Belle-Epoque, construite en 1908, est qualifiée « d'élément de patrimoine bâti protégé » par l'article 6 du PLU de Chartres en raison de ses qualités architecturales exceptionnelles ! La maison ne sera pas protégée par le projet. Au contraire, elle sera en partie masquée et dévalorisée. Le risque qu'elle soit ébranlée par les travaux est réel.

On peut craindre que le maire de Chartres, insensible à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine, ne tienne pas compte de son propre PLU et accorde une nouvelle fois le permis de construire.

Seuls les recours en justice, l'Architecte des Bâtiments de France et les actions citoyennes pourront stopper cette machine infernale.

Légende illustration : photo-montage montrant la faible distance entre l'immeuble projeté et la maison.